Introduction
Le premier Pirates des Caraïbes a joui d’un succès considérable lors de sa sortie en 2003 (déjà !). Disney, fier de sa franchise juteuse, s’est alors empressé de faire des suites, avec un diptyque (2006 et 2007) ainsi qu’un quatrième volet (2011). Chaque épisode faisait tomber la franchise dans un océan d’ennui, s’éloignant de plus en plus de la formule du premier volet. La Vengeance de Salazar a la lourde tâche de faire revenir la licence sur les bons rails, de lui donner une nouvelle impulsion, d’être un blockbuster modèle comme la franchise se doit d’être. Le pari est réussi.

En bref
7.0 / 10
Date de sortie française : 24/05/2017
Durée : 129 min
De : Joachim RONNING, Espen SANDBERG
Genre : Aventure, Fantastique, Action
Pays : USA
Avec : Johnny DEPP (Jack Sparrow), Javier BARDEM (Le Capitaine Salazar), Brenton THWAITES (Henry Turner), Kaya SCODELARIO (Carina Smyth), Orlando BLOOM (Will Turner), Geoffrey RUSH (Le Capitaine Barbossa), Kevin McNALLY (Joshamee Gibbs), Golshifteh FARAHANI (Shansa), Keira KNIGHTLEY (Elizabeth SWANN), Stephen GRAHAM (Scrum)
Scénario : Jeff NATHANSON
Musique : Geoff ZANELLI
Photographie : Paul CAMERON
Effets spéciaux : John FRAZIER, Dan OLIVER
Effets visuels : Gary BROZENICH, Bill KENT, Sheldon STOPSACK
Cascades : Kyle GARDINER, Thomas ROBINSON HARPER
Production : Walt Disney Company
Distribution : The Walt Disney Company France
Synopsis
Les temps sont durs pour le Capitaine Jack, et le destin semble même vouloir s’acharner lorsqu’un redoutable équipage fantôme mené par son vieil ennemi, le terrifiant Capitaine Salazar, s’échappe du Triangle du Diable pour anéantir tous les flibustiers écumant les flots… Sparrow compris ! Le seul espoir de survie du Capitaine Jack est de retrouver le légendaire Trident de Poséidon, qui donne à celui qui le détient tout pouvoir sur les mers et les océans. Mais pour cela, il doit forger une alliance précaire avec Carina Smyth, une astronome aussi belle que brillante, et Henry, un jeune marin de la Royal Navy au caractère bien trempé. À la barre du Dying Gull, un minable petit rafiot, Sparrow va tout entreprendre pour contrer ses revers de fortune, mais aussi sauver sa vie face au plus implacable ennemi qu’il ait jamais eu à affronter…
Pirates des Caraïbes 5 est tout ce qu'un blockbuster hollywoodien est censé être

Nous sommes vingt ans après le tout premier Pirates des Caraïbes. Jack Sparrow est toujours égal à lui-même, enchaînant les mauvais coups et liquidant trois bouteilles de rhum à la minute tel le forban qu’il est. Sa vie va pourtant devenir extrêmement compliquée lorsqu’un dénommé Salazar sort du royaume des morts pour se venger. Sa seule issue ? Trouver le sceptre légendaire de Poséidon qui réalise tous les vœux. Malheureusement pour lui, deux jeunes héros, Henry et Carina, se sont aussi lancés dans cette quête insensée… tout comme un certain Barbossa.
Retour aux sources
La Vengeance de Salazar dispose plus de l’arôme d’un soft-reboot que d’une suite, notamment avec son trio de tête qui rappelle celui de La Malédiction du Black Pearl (Jack, Will et toujours Jack) ainsi que son histoire qui pose de nouvelles bases saines. Des bases saines qui servent à se débarrasser de toute la lourdeur scénaristique dans laquelle les précédents volets se sont empêtrés.
Les Pirates des Caraïbes ont toujours pêché dans leur rythme à partir du deuxième volet, les deux réalisateurs successifs (Gore Verbinski puis Rob Marshall) préférant s’embourber dans des dialogues inintéressants et des situations artificiellement rajoutées dans l’intrigue. Ici, Joachim Rønning et Espen Sandberg ont compris qu’un blockbuster, c’est avant-tout une affaire de rythme, d’un savant équilibre entre les scènes d’action et les scènes d’exposition. Un savoir faire qui se ressent à l’écran, tant le film est maîtrisé à ce niveau.
L'emblème d'Hollywood
C’est incontestable, Pirates est l’un des emblèmes du film blockbuster. Ce n’est pas un hasard si dans le top 3 des films les plus chers de l’histoire, deux soient issus de la franchise. La Vengeance de Salazar a décidé de faire honneur à son statut en offrant un film familial bourré d’action, pour plaire aussi bien aux parents qu’à leur progéniture. Des scènes d’actions inventives qui témoignent, contrairement aux anciens volets, d’un véritable effort de mise en scène, d’une véritable progression dans l’action. Une maîtrise qui accroche le spectateur, quitte parfois à en faire trop, flirtant avec le grand-guignolesque. Le tout se fait à grands coups d’effets spéciaux (réels ou non) où chaque dollar dépensé se voit à l’écran.
Ajoutez à cela un Johnny Depp égal à lui-même dans le rôle de Sparrow (= il en fait trop) et un duo de jeunes acteurs (Brenton Thwaites et Kaya Scodelario) lissés pour que le spectateur puisse s’identifier à eux, comme tout bon blockbuster. Enfin, ce serait une erreur de ne pas parler de Javier Bardem, qui survole le film par sa prestation. L’acteur livre une performance terrifiante et intense, bien servi par un personnage aussi abominable que touchant.
Verdict
Pirates des Caraïbes La Vengeance de Salazar est ce qu’aurait toujours du être la saga : un film divertissant, rythmé, amusant, parfait pour les parents souhaitant emmener leurs pitchounes au cinéma, mais aussi un peu bête. Un film calibré au millimètre près dans le carcan du blockbuster hollywoodien, qu’on prend plaisir à regarder mais qui ne surprend à aucun moment… Quoiqu’il est vrai que de revoir Pirates des Caraïbes nous livrer un bon film est une surprise en soit.
Photographie
Secrets de tournage
Pirates des Caraïbes – La Vengeance de Salazar a été annoncé par Disney en janvier 2011, avant même que Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence ne débarque dans les salles obscures au mois de mai de la même année, et ne termine sa carrière avec les recettes astronomiques de 1,043 milliard de dollars au box office mondial.
A l’origine, Christoph Waltz avait été choisi pour jouer un certain Capitaine Brand mais les choses n’ont pas pu se concrétiser pour cause d’incompatibilité d’emplois du temps. Javier Bardem hérita du personnage qui a vu son nom changer pour devenir Capitaine Salazar du fait de l’accent espagnol de l’acteur. Détail amusant : Waltz et Bardem se sont chacun glissés dans la peau du principal adversaire de James Bond/Daniel Craig : le premier dans 007 Spectre (2015) et le second dans Skyfall (2012).
En janvier 2011 au moment où l’idée d’un cinquième opus a été lancée, Disney proposa également à Rob Marshall de rempiler à la mise en scène. Six mois après, en juin, Marshall n’avait pourtant toujours rien signé, préférant finalement partir pour développer son nouveau projet de comédie musicale, Into the Woods (où l’on retrouve d’ailleurs un certain… Johnny Depp).
Pour incarner le personnage d’Henry, Ansel Elgort, Brenton Thwaites, Taron Egerton, George MacKay & Sam Keeley étaient tous en compétition jusqu’à ce que le second hérite du rôle.
Le guitariste des Rolling Stones Keith Richards apparaissait dans le 3ème volet de Pirates des Caraïbes dans le rôle du père de Jack Sparrow. Dans ce 5ème opus, c’est Paul McCartney, le mythique membre des Beatles, qui fait une apparition, il tient le rôle de l’oncle de Jack.
Blessé à la main pendant le tournage, Johnny Depp a dû subir une légère opération chirurgicale et se faire poser une broche au doigt. Cet accident a eu comme conséquence de repousser le tournage de plusieurs semaines et donc augmenter le coût de production du film.
Absent de Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence, Orlando Bloom retrouve son personnage de Will Turner Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar. La présence du comédien britannique au casting du blockbuster a été officialisée lors de l’Expo D23, la grand-messe annuelle des studios Disney.
Les quatre premiers volets de la franchise Disney ont rapporté pour le moment environ 3.7 milliards de dollars via les sorties en salles.
Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar a été conçu pour un budget de 230 millions de dollars, ce qui est moins que Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence (250 millions) et Pirates des Caraïbes : Jusqu’au bout du monde (300 millions), mais plus que Pirates des Caraïbes : Le Secret du Coffre Maudit (225 millions) et Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl (140 millions). Ce cinquième opus est par ailleurs le film le plus cher jamais tourné en Australie.
13 navires mesurant jusqu’à 48 mètres de long (dont le Black Pearl et le Queen Anne’s Revenge) ont été entièrement construits pour les besoins du film. Par ailleurs, les scènes à bord des navires ont été tournées dans une vaste arène rassemblant tous les vaisseaux du film quasiment grandeur nature montés sur des cardans et des plateaux rotatifs informatisés.
La chef costumière Penny Rose a fait appel à 30 costumiers australiens, principalement issus du théâtre et de l’opéra. Ils ont investi un studio de plus de 1 500 mètres carrés qui a servi d’entrepôt pour les quelque 2 000 costumes, chapeaux, chaussures et accessoires, classés selon le nom, le style, le sexe et l’âge des personnages.
Pour vieillir les costumes, la chef costumière Penny Rose et son équipe ont eu recours à diverses techniques innovantes comme les faire tourner dans une bétonnière avec des galets, les user à l’aide de râpes à fromage, voire même les brûler au chalumeau !
27 grues à flèche articulée (utilisées pour le levage, le chargement et la manutention) ont été employées par la production dans l’arène des bateaux. Un vaste réseau d’éclairage de plus de 45 mètres de long a également été installé au-dessus des navires pour créer l’atmosphère parfaite pour les scènes de jour, et surtout celles de nuit. Les scènes tournées sur place ont été filmées à l’aide de trois Technocranes dotées de cinq caméras. En tout, l’arène comptait entre 30 et 40 pièces d’équipement lourd.
Pour entrer dans la peau du terrifiant capitaine Salazar, Javier Bardem devait se faire maquiller entre deux et trois heures par jour… Ce qui était moins que pour transformer Golshifteh Farahani en Shansa, la sorcière des mers, puisque la comédienne franco-iranienne devait passer cinq heures quotidiennes par la case maquillage !
Plus de 1 000 perruques ont été conçues pour le film. Certains jours, le chef coiffeur et maquilleur Peter King et son équipe devaient préparer jusqu’à 700 figurants et 30 acteurs principaux. Le département était composé d’une équipe principale de 22 personnes complétée par 70 employés qui travaillaient dans une vaste tente dédiée aux figurants, aux cascadeurs et aux cavaliers.
Dans la séquence de guillotine, les deux têtes qui sont coupées ont été conçues comme reproduisant les traits des réalisateurs Joachim Rønning et Espen Sandberg !
L’acteur espagnol Juan Carlos Vellido est le seul de la saga à avoir interprété deux personnages différents dans deux épisodes de Pirates des Caraïbes. Après avoir campé un capitaine de navire espagnol dans Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence, il incarne dans ce cinquième opus Lesaro, le fidèle lieutenant du capitaine Salazar.
88 versions du précieux journal intime de Carina Smyth ont vu le jour avant que l’équipe ne choisisse celle que l’on voit dans le film. Il s’agit d’un carnet relié à couverture de cuir dont les pages ont été vieillies grâce à une étonnante technique : l’immersion dans le café !
La bouteille de rhum du capitaine Jack Sparrow est une authentique bouteille anglaise du XVIIIe siècle.
La fabrication du costume de Shansa, la sorcière des mers jouée par Golshifteh Farahani, a nécessité 15 heures de travail quotidien pendant une semaine par une équipe de 42 personnes… pour un seul exemplaire.
Le tournage dans les îles Whitsunday (au nord est de l’Australie) a nécessité une opération logistique d’envergure : 60 camions ont quitté le camp de base sur la Gold Coast et parcouru 1 400 kilomètres avant de faire 40 minutes de barge pour atteindre l’île Hamilton, l’un des lieux de tournage du film. Une heure et demie de barge les séparait cependant encore des autres îles où le film a été tourné.
Johnny Depp aurait été constamment « ivre et ingérable » pendant le tournage du film en Australie selon des membres de l’équipe technique, perturbant ainsi le bon déroulement des choses (notamment au niveau des retards répétés de l’acteur sur le plateau). Les producteurs ont quant à eux expliqué que Depp subissait une grande pression durant le tournage du fait de ses problèmes personnels et de l’acharnement des paparazzis à le suivre partout.